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  5. 2014

Journée d'étude : "Vingt ans après le génocide: les politiques de la mémoire au Rwanda"

Au printemps 1994, le génocide perpétré au Rwanda contre les Tutsis constitua le point d’orgue d’une politique de discrimination systématique menée depuis les premiers jours de l’Indépendance, et la manifestation la plus paroxystique de la logique d’ethnicisation de la société rwandaise développée par le colonisateur depuis un siècle, puis perpétuée par ses successeurs.

La victoire du mouvement rebelle FPR, à l’issue des cent jours du génocide, a mis fin aux tueries ethniques; dans le même temps, la société rwandaise s‘est reconstruite sur les décombres de la guerre civile, mais aussi du génocide, des violences qui l’ont précédé et de l’idéologie de la haine construite depuis des décennies au Rwanda.

Cette reconstruction a conduit à réinterroger les relations sociales dans une société clivée et traumatisée, à réécrire le passé et à mobiliser le spectre du génocide et de la haine raciale dans une perspective réconciliatrice, voulue par les autorités et encouragée par nombre d’acteurs de la communauté internationale.

Des politiques de la mémoire se sont ainsi mises en place — au niveau national comme au niveau local —, des rituels commémoratifs ont été élaborés, des lieux de mémoire institués.

  • Que racontent-ils du génocide, et quelle distance est-elle observable entre ces récits et les faits établis par les historiens, sur base des archives ?

  • Que commémore-t-on, et que ne commémore-t-on pas ?

  • Quelle image se dégage de 1994, au fur et à mesure que le temps nous éloigne de l’événement et quelle représentation en a-t-on, au Rwanda et ailleurs ?

  • Quelles difficultés les historiens et autres spécialistes des sciences humaines et sociales rencontrent-ils dans leur tentative d’écrire l’histoire du Rwanda et du génocide ?

  • Quelles ressources et quelles méthodes mobilisent-ils pour écrire cette histoire ?

  • Comment questionnent-ils les politiques mémorielles et réconciliatrices, ainsi que les fonctions sociales — réparatrices et mémorielles — de la justice ?

Voilà quelques-unes des questions qui furent posées durant cette journée d’étude, laquelle s’interrogea aussi sur les conflits de la mémoire que les politiques mémorielles portent en germe.

Ainsi, les témoignages des survivants comme les procédures judiciaires — incluant les dépositions des perpétrateurs du génocide — ont été utilisés à des fins mémorielles. S’est ainsi imposée une mémoire officielle — et des usages politiques de celle-ci —, qui ne correspond pas toujours à ce que les acteurs sociaux, et en particulier les associations de victimes, porteuses parfois, elles aussi, de mémoires en conflit, souhaiteraient privilégier en matière de mémoire.

Une mémoire officielle dont, en outre, les motifs et exigences propres font l’impasse sur une série de questions que soulève cette terrible et irrémédiable rupture dans l’histoire du Rwanda.

Ce sont ces « politiques » diverses de la mémoire, les logiques qu’elles développent et leur rapport à l’écriture de l’histoire du génocide que la présente journée d’étude a entendu questionner. elle rassembla des chercheurs universitaires travaillant sur ces questions, en privilégiant les travaux de jeunes chercheurs, et ce dans une perspective uniquement académique.

INFORMATION

Cette journée d’étude eut lieu à l’Université libre de Bruxelles le 14 février 2014, de 10h à 17h30.

Attention, deux locaux différents accueilleront les travaux:
• Le matin: la Solvay Business School, à l’angle de l’avenue Roosevelt et de l’avenue Jeanne (salle R42.4.110);
• L’après-­‐midi: le Campus du Solbosch (salle R42.5.110).

Organisation:
Pieter Lagrou (ULB, Centre de Recherches Mondes modernes et contemporains)
Jean-Philippe Schreiber (ULB, Centre interdisciplinaire d’Etude des Religions et de la Laïcité)

PROGRAMME

10h: Jean-Philippe Schreiber (FNRS-ULB): Introduction
10h20: Florence Rasmont (FNRS-­‐ULB): La mise en place des commémorations du génocide des Tutsi depuis 1994
10h50: Emilie Brébant (ULB): La réception de la mémoire officielle du génocide

11h20 — Pause café

11h40: Dantès Singiza (ULG): Les creux de l’historiographie rwandaise
12h10: Ornella Rovetta (FNRS-ULB): L’écriture judiciaire de l’histoire au Rwanda

Pause déjeuner

14h30: Philibert Gakwenzire (ULB): L’archive du génocide
15h00: Jana Schildt (UCL): Mémoires d’exil et réconciliation
15h30: Clémentine Kanazayire (ULB): Les effets psycho-sociaux des rituels commémoratifs

16h00 — Pause café

16h20: Débat
16h50 : Pieter Lagrou (ULB): Conclusions

Mis à jour le 29 mars 2023